La première étoile

de Lucien Jean Baptiste


Ca y est, chaque année depuis deux trois ans, c’est la même chose. Les distributeurs français sortent une comédie populaire par semaine en espérant exploser le box office. Ainsi, les grosses daubes Coco et Safari sont bien parties pour faire 3 millions d’entrées (ce qui bizarrement reste un échec au vu du budget promo des films). Mais au milieu des grosses machines calibrées, une petite comédie tirent son épingle du jeu et peut même espérer faire un score inattendu grâce à son bouche à oreille. La première étoile est le premier film du doubleur-acteur Lucien Jean Baptiste (que l’on avait pu apercevoir dans 13 m²), et, fait tellement exceptionnel qu’il mérite d’être souligné, est noir. Dans notre cinéma gaulois, raciste jusqu’à la moelle sans s’en rendre compte, ce film fait du bien.

D’une, son réalisateur a la bonne idée de s’entourer de très bons comédiens pas forcément ultra bankable mais garants d’une interprétation de qualité : ainsi Michel Jonasz et Bernadette Laffont forment un couple étonnant, Anne Consigny prouve une fois de plus qu’elle sait faire des bons choix, Firmine Richard s’en donne à cœur joie et les enfants sont très bien dans des rôles de casse bonbons assez délicats.

De deux, il joue habilement des clichés sur la communauté antillaise en métropole et de ses expériences, ce qui crédibilise parfaitement le récit.

Enfin, il sait dialoguer à peu près correctement et surtout ne prend pas le spectateur pour un abruti, comme l’a fait avec tant de brio ce gros con de Gad Elmaleh et son bouclier fiscal en or et en diamant. Alors que ce dernier est devenu ce qu’il y a de plus méprisable dans le bling bling décomplexé, Lucien Jean Baptiste reste dans le milieu populaire sans être misérabiliste. Son rôle de père accro au jeu et dépassé par les évènements se révèle très touchant mais surtout sert de faire valoir à tous les autres. Un peu comme le film, son auteur-acteur-réalisateur, malgré ses plusieurs casquettes (contrairement à l’autre…) reste modeste et à sa place. Qu’importe si la bande originale est cucul la praline, que la mise en scène ne révolutionne rien et que l’histoire tient sur une page : la légèreté et la bonne humeur l’emporte par KO. Idéal pour changer d’air.

Mathieu Thill


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