Chronique : Figaro divorce

D’Ödön von Horvath, mise en scène de Jacques Lassalle à la Comédie-Française
Nous avions quitté Figaro fraichement marié chez Beaumarchais, le voilà dans la pièce d’Horvath en fuite avec ses maîtres, le comte et la comtesse Almaviva, et Suzanne, son épouse. La révolution va chambouler la vie de nos protagonistes, partagés entre leur loyauté envers leurs maîtres et la tentation de s’émanciper pour vivre à son propre compte. Une fable sociale sur les difficultés de l’expatriation et la fidélité.
Ödön von Horvath, précurseur du théâtre du quotidien du début du XXe siècle, écrit Figaro divorce dans l’entre-deux-guerres et élève ainsi la tragi-comédie sociale à son sommet. Il est aujourd’hui célébré comme l’un des plus grands dramaturges du XXe siècle, et à juste titre, et son nom mérite d’être retenu. Une bonne raison d’aller voir la représentation de Jacques Lassalle au Français, donc.
On peut certes déplorer une mise en scène un peu facile –le système de plateau tournant à trois panneaux maintes fois réutilisé-, mais le tout est (comme toujours au Français) bien propre et bien fait. Les rôles principaux, Figaro et Suzanne, respectivement interprétés par Michel Vuillermoz et Florence Viala sont un peu mous, mais la pièce est sauvée par les seconds rôles dont certains valent vraiment le détour. Denis Podalydès en composition de Pédrille est impeccable de même que de jeunes acteurs comme Judith Chemla (que l’on a pu voir au cinéma ces derniers temps dans Musée haut, musée bas, et Versailles) et particulièrement Loïc Corbery dans sa parfaite composition de Juriste féministe.
On passe un bon moment donc, avec un bon texte, des personnages (secondaires) surprenants qui rattrapent l’ennui de la mise en scène (point positif de celle-ci : l’action se déroulant au centre du plateau, la place à visibilité réduite achetée une heure avant le spectacle au petit bureau pour 5 petits euros convient parfaitement).
Ana Kaschcett

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