The Duchess


THE DUCHESS


Écrit et réalisé par Saul Dibb





Le premier film de Dibb retrace la vie tragique de Georgiana, la Duchesse de Devonshire, ancêtre de Lady Di. Georgiana serait plutôt la petite sœur anglaise de Marie-Antoinette : même jeunesse, même fragilité dans la force, même liberté emprisonnée, même amour de la maternité. Campée et illuminée par une Keira Knightley fébrile et émouvante, The Duchess est une petite tragédie British.

« Quel bonheur d’être aussi libre » murmure le Duc de Devonshire (Ralph Fiennes) le regard bleu gris dirigé vers ses trois filles. Triste ironie. Le Duc apparaît comme quelqu’un de froid, d’austère, d’agressif, qui n’hésite pas à tromper et violer Georgiana, au nom des conventions sociales. Misogyne, jaloux, il souffre toutefois d’une image qu’il « abhorre ». Sous une froideur et une cruauté apparentes, se cache un homme sensible qui n’arrive pas à exprimer ses sentiments. Georgiana (Keira Knightley), elle, fuit le silence de son mari, l’incompréhension de sa mère, la pression de son mariage en se rendant aux salons mondains et politiques. C’est là qu’elle vit la liberté qu’elle n’a pas, à coups de verre de vins, de pas de danse, de cris et de rires. Georgiana éclaire l’écran par sa grâce et son air espiègle, c’est un personnage qui séduit son monde : les politiques, le peuple et Charles Grey (Dominic Cooper), politicien à la fois naïf et ambitieux. The duchess est une peinture fidèle des souffrances du 18ème siècle : soumission de la femme, prédominance du mari, infidélités, prédominance et mal du paraître, liberté restreinte. Tout au long du film, Georgiana est tiraillée entre deux mondes : affranchissement et servitude, emprisonnement et autonomie. Keira Knitghley, mélange de force et de fragilité, sauve les meubles d’un film peut-être trop académique – décors et costumes qui frôlent le kitsch, lumière sans éclat, personnages secondaires dénués de charme, violons trop appuyés, chute décevante, mise en scène plate qui manque cruellement de l’esthétisme vivant de Sofia Coppola (Marie-Antoinette) ou de l’ingéniosité de Stephen Frears (Les liaisons dangereuses). The Duchess est un film limité mais qui brille par le talent de Keira Knitghley – la scène de confrontation avec le Duc est jubilatoire, pourtant la lutte de Georgiana reste vaine. Dommage.

Roseline Tran

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