La Journée de la Jupe


UN FILM DE FICTION A VALEUR DOCUMENTAIRE ?
La Journée de la Jupe

Réalisé par Jean-Paul Lillienfeld




Si le titre prête à rire, le sujet moins : une professeure de français dépressive prend une dizaine de ses élèves en otage, suite à la découverte malencontreuse d’une arme dans le sac d’un collégien. Au moment de s’en emparer pour lui confisquer, un coup part. Et le film avec…

L’enseignante en ZEP c’est Isabelle Adjani, de retour plus de cinq ans après son dernier film. Les autres « stars » du casting n’en sont pas vraiment puisqu’à part Jackie Berroyer en principal et Denis Podalydès en négociateur, les élèves ont été recrutés par casting sauvage en région parisienne. Et paradoxalement, si Adjani ne ressort pas talentueuse du film, Podalydes et quelques élèves peuvent être cités pour avoir su dévoiler ou consolider un vrai talent d’acteur.

Oui parce que le problème majeur est là : malgré un bon scénario, avec rebondissements mais pas trop, et des dialogues assez percutants, l’ensemble apparait trop sur-joué. Certes, les acteurs sont entiers et authentiques, mais les accès de rage (ou de folie) d’Adjani desservent la crédibilité du sujet. En effet, l’alternance entre la colère qu’elle exprime et l’empathie (notamment lors de la découverte d’un viol collectif d’une de ses élèves sur un portable) est trop rapide pour permettre au spectateur d’entrer vraiment dans le film. Trop fatigant…

La fatigue également survient devant l’accumulation de tous les stéréotypes possibles sur la banlieue : tournante, prégnance de la religion, trafics en tout genre, immigration, débarquement immédiat des journalistes (tout le monde sait que LE journaliste est niais et cherche LE cliché vendeur, surtout s’il est débarqué dans le feu de l’action…), la prof de ZEP dépressive, etc. Tout y est pour donner le tournis et laisser l’amère impression d’un journal de 20H sur une chaine privée. Il faut faire larmoyer le spectateur baigné dans l’angoisse d’un dénouement dramatique. Et à chaque cliché, ou vérité c’est selon, aurait pu correspondre un unique film.

Quelques belles scènes malgré tout, qu’on peut attribuer aux plans et mouvements de caméra plus qu’au jeu en lui-même hormis les interprètes que sont Jackie Berroyer, Denis Podalydès et Sonia Amori (Nawell une élève) qu’on compte bien revoir dans un prochain long métrage.

Mais tout ça ne remonte pas le niveau du film… Dommage.

Pour information, ce film a été diffusé sur Arte le 20 mars et a récolté plus de 2 millions de téléspectateurs, soit 10 % d’audience.

Claire Berthelemy

1 commentaire:

  1. Bon article qui met bien en mots les sensations éprouvées face à la bande-annonce, qui ne donne pas envie ...

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