Kurt Cobain, about a son


KURT COBAIN, ABOUT A SON


Réalisé par A.J. Schnack





Kurt Cobain, about a son, emmène loin, au fin fond du Nord-Ouest de l’Amérique, à Washington, au plus près de la ville natale de Kurt Cobain, un homme simple et complexe à la fois, sur le fil entre mélancolie et nirvana… Le film, illuminé par les grands espaces américains, offre un voyage contemplatif et introspectif, loin du cliché mouvementé de l’icône rock des années 90.

Michael Azerrad, journaliste et auteur de la biographie Come as you are : the story of Nirvana a autorisé la diffusion de sa longue interview de 25 heures avec le chanteur pour About a son. Schnack a soigneusement choisi les extraits audio qui ponctuent le film ; la voix grave et posée, Cobain, parfois entre deux repas ou chez lui près de sa famille, se dévoile avec humour et lucidité : enfance heureuse brisée par le divorce de ses parents, adolescence solitaire et insoumise, influences musicales hétérogènes – très punk (The Vaselines, Mudhoney, Subpop Records) mais aussi très pop (The Beatles, Arlo Guthrie, The Queen), l’addiction à la drogue, son rôle de leader au sein de Nirvana, le rapport difficile au succès, la rencontre avec Courtney Love, sans oublier son élevage de tortue. La bande originale, qui inclue Half Japanese, David Bowie, ou Iggy Pop, accompagne les paysages d’Aberdeen, Olympia et Seattle – ciels ouverts, jardins d’enfants, train nocturne, visages inconnus, comme si Schnack entreprenait de filmer « le monde à travers les yeux de Kurt ». About a son fait figure de road-trip autobiographique, triste et lumineux, à l’image de Cobain. Lui, est un homme simple avant tout, déconcerté par la grandeur et l’incompréhension du monde et la violence de la société, dépassé par le succès, en perpétuel décalage avec son groupe. Comment être seul quand on est entouré ?... About a son est une bulle intimiste, retirée de toute la négativité du star-system et proche d’un Kurt Cobain, serein, accessible et humain. Pourtant, comme pour souligner sa présence fantomatique tout au long du film, l’homme se suicidera un an plus tard, en reprenant dans une lettre funeste, adressée à sa fille Frances, les paroles de Neil Young : « Il vaut mieux brûler franchement que mourir à petit feu ». Le film, est une empreinte émouvante et puissante d’un génie en mal de vivre. Pas moins.

Roseline Tran

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