Roman Polanski : Wanted and Desired


ROMAN POLANSKI : WANTED AND DESIRED


Documentaire réalisé par Marina Zenovich





Le titre de ce documentaire vibrant et intelligent, reprend la remarque éloquente d’un ami de Polanski : « En Amérique, Roman est recherché… En Europe, il est reconnu. » Roman Polanski, Wanted and Desired est une réelle enquête, riche de photos d’archives et d’interviews, autour du mystère fascinant qui entoure le réalisateur au talent immense, sombrement accusé de viol sur mineure.

Polanski, acteur charismatique à la voix chevrotante et réalisateur d’œuvres puissantes telles que Rosemary’s Baby, Repulsion, Le Locataire ou Le Pianiste, a séduit l’Amérique. Pourtant, l’homme, à l’air naïf et gai, à l’instar de son rôle dans Le Bal des vampires, est un survivant du malheur : d’origine polonaise, Polanski se heurte à la mort de ses parents, survit à l’Holocauste, se désintègre face à l’assassinat violent, en 1969, de l’actrice Sharon Tate, sa femme enceinte de huit mois, mais apprend à renaître. Il résistera fragilement à la médisance médiatique, comme on le voit prononcer quelques mots à la presse, le visage pâle, au bord du gouffre. Et tant d’énergie et de force dans ce petit homme fascinent. Comme maudit, Polanski est accusé de viol sur mineure en 1977. Alors que le documentaire propose un décryptage complet et approfondi de l’enquête, appuyée par les témoignages des avocats et des journalistes de l’époque, l’affaire, au fur et à mesure, se révèle être un gigantesque malentendu, un « cirque », un « jeu du chat et de la souris » orchestré par le juge J. Rittenband, un homme corrompu et incompétent, plus attiré par une pseudo-gloire et renommée, qui en viendra à atteindre les limites de la raison et de la légalité dans le procès Polanski. Le documentaire, finalement, est bien plus qu’une enquête sur les travers de la justice américaine, c’est un portrait salvateur de Polanski ; il faudrait se demander comment ce génie, bon vivant et populaire, au passé aussi tragiquement malchanceux pourrait réellement être capable de commettre un viol, un acte barbare alors que lui-même a été personnellement touché par la brutalité et la cruauté humaine. Après un an de complications judiciaires et 90 jours en prison, Polanski fuit la Californie pour s’installer à Paris. Le réalisateur y sera nommé Chevalier à l’Académie Française des Beaux Arts – avec grande classe. Trente ans plus tard, Polanski n’est jamais retourné aux Etats-Unis, pas même pour recevoir l’Oscar du Meilleur Réalisateur pour Le Pianiste en 2003, où Martin Scorsese et Jack Nicholson, son ami, l’applaudissaient. Aujourd’hui, Polanski, âgé de 75 ans, marié et père de trois enfants, souhaite clore cette grande parenthèse et réclame un non-lieu, en comptant en partie sur le documentaire, véritable plaidoyer qui a remporté le prix du Meilleur Montage au Festival de Sundance. L’affaire est à suivre, le réalisateur aussi.

Roseline Tran

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