Le Jour où la Terre s’arrêta


LE JOUR OU LA TERRE S'ARRÊTA


Réalisé par Scott Derrickson
Écrit par David Scarpa





« Klaatu Barata Nikto » : fantasticophiles de tous pays, à ce cri levez-vous ! Le classique de 1951 de Robert Wise, qui exprimait une inquiétude née en même temps que la Guerre Froide, celle d’une catastrophe nucléaire, a néanmoins essentiellement marqué par ses effets spéciaux en général et son robot « armifuge » en particulier, le sobrement nommé Gort, que cette version présente comme l’acronyme de l’équivalent anglais de Robot Tactique Génétiquement Organisé (!), et bref, c’est par cette phrase que le dit-Klaatu s’adresse au robot, pour cesser son assaut anti-violence.

Cette parenthèse de situation refermée : dans la série des Et si ?, voici : Et si la survie de la Terre et celle de l’Humanité étaient incompatibles ? Et si les êtres qui peuplent les étoiles faisaient ce triste constat et décidaient de trancher dans le vif ? Et si leur messager était Thomas Anderson, non, il s’appelle Neo… pardon, je m’égare.

D’autant que Keanu Reeves, qui doit compter parmi les acteurs américano-canadiens nés au Liban les plus sous-estimés de la planète, est ici fort loin de la Matrice et plus proche de Terminator, au niveau du jeu s’entend : sa maîtrise remarquable de ses réactions afin de contrôler les tics du quotidien, pour exprimer le mal-être d’un quidam autremondain à se trouver humanisé, dans tous les sens du terme, pourra peut-être faire réfléchir les contempteurs de Schwarzie sur le flou qui entoure la notion d’ « inexpressif ».

Mais il faut de toute façon souligner qu‘ici, c’est le scénario qui vole la vedette au jeu des acteurs (Jennifer Connelly, belle belle-mère-courage mais qui choisit un peu trop vite son camp ; Jaden Smith, dont le personnage de préado détruit par la mort de son père touche et agace tout à la fois dans le contexte du film) ; le scénario qui voit donc l’émissaire Klaatu se faire embarquer à peine arrivé pour nous avertir de l’ultimatum, puis se faire refuser de pouvoir ne serait-ce que le délivrer à l’ « Assemblée des dirigeants du monde ». Au passage, le vaisseau (servi par de magnifiques effets spéciaux, comme l’ensemble du film) atterrissant à Manhattan, les autorités américaines sont montrées sous un jour particulièrement…bourrin serait le mot adéquat le moins grossier. Disons simplement que si un Alien pacifique regardait le film de Derrickson, il ne ferait pas de la Terre en général et des USA en particulier sa villégiature d’été cosmique… A moins de succomber à nos « autres facettes », comme le fera peut-être Klaatu sous l’influence d’Ellen et de son beau-fils, du moins si l’humanité veut survivre…

Au final, les optimistes y verront une confirmation de l’absence de fatalité absolue ; les pessimistes, une confirmation également, mais celle que l’humanité a toujours besoin d’une motivation très appuyée pour prendre conscience… tout court ; et les indécis, un rappel d’une vérité simple mais parfois niée : si nous ne pouvons nous passer de la Terre, la Terre peut très bien se passer de nous.

Cyril Schalkens

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