Largo Winch


LARGO WINCH


Réalisé par Jérome Salle
Écrit par Jérome Salle et Julien Rappeneau





N’importe quel bédéphile a déjà entendu parler de Largo Winch. Et, sans critiquer le travail de Philippe Francq, certains se sont peut-être déjà posé la question : pourquoi un jeune homme né dans les Balkans ressemble-t-il à un sosie dessiné de Brad Pitt ? A cette primordiale question existentielle, Tomer Sisley apporte un élément de réponse, et montre surtout à ses détracteurs que la coolitude n’a rien à voir avec la couleur des iris. Que ceux qui sont restés bloqués sur un certain sitcom en soient pour leurs frais : il EST Largo Winch dans tout ce que l’on en apprécie, élégant et baroudeur, fragile et charmeur, plein de rage contenue et en même temps d’assurance efficace.

A son service, une narration elle aussi efficace, entrecoupée de flashbacks qui apportent toujours un élément essentiel à la compréhension de la psychologie de Largo, voire à l’histoire elle-même (signe de qualité, le film apparaît comme très difficile à prendre « en chemin »). Et rassurons ceux qui croient cette dernière aussi prévisible que dans toute bonne adaptation de BD « pop-corn moviesque » (ce que le film n’est que de très loin), on trouve de vrais rebondissements qui, s’ils ne font pas tomber le spectateur de son siège, provoquent le froncement de sourcils caractéristique à la remémoration des événements précédents pour reconstituer le puzzle…
Le montage et la photographie sont au diapason avec le reste : il n’est pas rare que l’on sursaute et autant l’image fait parfois très case de bande dessinée, dans le bon sens du terme (ha…les hélicoptères qui s’éloignent dans le soleil couchant…), autant on trouve parfois de vraies audaces qui évoquent tant Tony Scott que Jan Kounen.

Au rayon des seconds rôles, Kristin Scott Thomas rend crédible la complexité de son personnage (beaucoup plus que sa perruque ne rend crédible sa coiffure…) même si sur la fin, son élégance naturelle rend son personnage quelque peu monolithique ; Mélanie Thierry est troublante de sensualité et de mystère, mais trop peu présente (on se surprend à espérer et saluer ses (rares) apparitions) ; mais celui qui s’en tire avec les honneurs, c’est…Mr Gilbert Melki, pour la bonne et simple raison (et c’est peut-être un détail pour vous) qu’il fait du Gilbert Melki (et pour moi ça veut dire beaucoup !) : soit un roc, un cap, une péninsule de force brute, celle qui se mesure non pas au tour de biceps mais au regard qui produit (ndla : terme inexistant dans le dictionnaire) l’effet « Gotcha », comparable à un moins prosaïque Français : « Tu as déjà perdu… », quand les yeux de Tomer Sisley, qui expriment en quelque sorte un « cynisme volontariste », diraient plus à leur interlocuteur : « Tu vas perdre. »

A conseiller définitivement aux déçus de QoS 007 pour ne pas le nommer.

Cyril Schalkens

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