DVD : The Fountain


WHAT IF YOU COULD LIVE FOREVER ?

The Fountain

Réalisé par Darren Aronofsky
Écrit par Darren Aronofsky et Ari Handel
Avec Hugh Jackman, Rachel Weisz, Ellen Burstyn





Le troisième long-métrage du surprenant Aronofsky aura été son projet le plus fou et le plus abouti. A travers le 16ème, le 20ème et le 26ème siècles, un homme se bat pour la survie de la femme qu'il aime - le même homme et la même femme, car c'est plus ou moins du couple éternel dont il est évidemment question. En tant que drame fantastique, The Fountain est d'une beauté visuelle complètement folle, ce qui, associé aux thèmes forts traités par le film, explique en quelque sorte la présence inévitable de détracteurs... qui ont tort.

L'élaboration de ce projet s'est avérée laborieuse. Désistement des acteurs principaux, réduction considérable du budget, abandon de la Warner en plein parcours, démantèlement et vente des décors... la passion d'Aronofsky et la foi dans son projet ont eu raison des difficultés, tout comme elles se ressentent pleinement dans la mise en scène de son oeuvre. A l'inverse de Pi et de Requiem for a Dream, où le montage effréné et les effets visuellement perturbants pouvaient constituer une façon de percevoir le monde du point de vue de héros en décalage total avec leur environnement, c'est dans The Fountain que Darren Aronofsky a préféré balayer toute supercherie de montage, afin de mieux épouser la détresse de ses personnages ou bien la beauté de puissances qui les dépassent.

Les allers et retours entre les trois siècles se construisent en un montage parfois complexe, où les raccords s'effectuent par un motif visuel commun ou une simple voix désincarnée. Alternance incessante entre les innombrables souvenirs d'une conscience qui aurait perduré à travers les âges ? Et pourtant, il se peut que The Fountain soit bel et bien un parcours intérieur. Le cas contraire, comment une même scène cruciale en viendrait-elle à se répéter maintes fois, comme si l'oubli de cet évènement était une chose impossible ? Preuve en est avec les compositions de Clint Mansell : elles qui semblaient mener la danse dans Requiem for a Dream, les voici plus discrètes à certains moments et plus grandioses à d'autres, tout juste décidées à s'unir dans la plus parfaite harmonie avec des larmes de désespoir ou des battements de coeur, autrement dit le ressenti des personnages.

Ce qu'ils peuvent éprouver n'a pas à être décrit en long, en large et en travers car la mise en scène de Darren Aronofsky a opéré un bond certain vers un non-dit, vers une simple constatation de l'émotion. Les sentiments émanent désormais d'un baiser discrètement déposé dans le cou, d'une plume trempée dans une encre noire ou de l'immensité du cosmos à travers lequel voyage intérieurement le personnage. La force ne vient plus nécessairement du progrès de la science ou de la médecine. Elle tient sa raison d'être sur ce qui est de plus inhérent en l'être humain...

Pierre-Louis Coudercy




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