Welcome


WELCOME


Réalisé par Philippe Lioret




Welcome, Wilkommen, bienvenue dans le monde de bons sentiments désespérément fade de Philippe Lioret.

Bilal, jeune kurde de dix-sept ans, arrive à Calais pour rejoindre l’Angleterre et Mîna, sa petite amie, partie s’installer à Londres avec sa famille pour se faire marier. Seul problème, après des mois de marche depuis l’Irak, le jeune homme se trouve incapable de se mettre un sac sur la tête afin d’échapper aux contrôles et de passer clandestinement la Manche. Séquelle d’une séquestration par des soldats au passage d’une frontière durant son périple apparemment long et ardu mais dont on n’apprendra rien. On le retrouve donc à Calais, où bien propre, bien habillé, parlant un anglais parfait et avec plus de six cent euros en poche (logique après son aventure…), il décide de prendre des cours de natation pour traverser la Manche à la nage. Simon (Vincent Lindon), maître nageur un peu paumé, va l’y aider, essayant ainsi d’impressionner et de reconquérir sa femme qui l’a quitté pour un bon samaritain distribuant de la nourriture aux clandestins.

En bref, Philippe Lioret use ici des mêmes ingrédients qui faisaient le rythme lancinant de son dernier film Je vais bien, ne t’en fais pas : des comédiens, somme toute pas mauvais, terriblement mal servis par des dialogues péchant par leur platitude ; toujours le même jeu sur le non-dit nourrissant une atmosphère de secret autour de ce qui n’en vaut pas tant la peine ; des aberrations de scénario sur fond de conte de fée des temps modernes ; une image bleutée grisée par la mélancolie latente. Etc.

Et puis il y a la musique. On l’aura compris, Lioret est ingénieur du son de formation, aussi met-il un point d’honneur à ce que l’on entende particulièrement la bande son. Soit, mais pourquoi faire déplacer tout un orchestre philharmonique pour trois notes de piano à chaque fois qu’un des personnages est assis, tout seul, le regard dans le vide ? Dépassant le défaut d’être convenu, cela en devient même simplement pénible.

Au final, on sort bien désappointé de ce film qui arrive à provoquer l’indifférence totale sur un sujet pourtant délicat. S’il était moins axé sur le Français moyen qui essaie d’être un type bien pour des raisons totalement égocentriques, mais plus sur les immigrés et leurs problèmes (ils ont certainement d’autres raisons pour risquer leurs vies aux frontières que pour retrouver leur copine), sûrement y trouverait-on plus d’intérêt.

Ana Kaschcett

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