Cérémonie : Césars 2009


CÉRÉMONIE DES CÉSARS 2009


Vendredi 27 Février
Canal +




Allumer le tube cathodique est un acte des plus étranges. Le rituel annuel des césars revenant, le jeu consiste donc à se figer devant son petit écran et bien plisser les yeux face à une image déréglée et charbonneuse. Alors, une souffrance les Césars ? Oui car passé les discours solennels, les hommages et les remerciements en cascade, il faudra prendre son mal en patience avant la fameuse remise des prix. Tout en se disant qu’il est de notre devoir de scruter les prestations et d’étudier le palmarès.

Dans la lignée des célébrations hollywoodiennes, la « grande famille du cinéma français » (sic) s’est donc donnée rendez-vous au théâtre de Châtelet pour distribuer la statuette compressée. Présentée par Antoine de Caunes, la grande nouba du cinéma français a rassemblé les célébrités parées de leur clinquant et offert un spectacle assez drôle, parfois somnolent.

L’enfant du rock ouvre le bal avec une chorégraphie alternative et assez savoureuse de Gene Kelly dans Singing in the rain. Julie Depardieu regarde les mouches tourbillonner sous le plafond rococo en évoquant l’âme de son frère défunt. Ca rigole moins. Elsa Zylberstein reçoit le césar du meilleur second rôle. Tremolo dans la voix, elle se noie sous un flot de larmes. La magie des lieux opère. C’est son quart d’heure de gloire, on ne lui enlèvera pas… même s’il est finalement temps de partir. La charmante Déborah François est récompensée en tant que meilleur espoir pour son rôle dans Le premier jour du reste de ta vie. Elle parle de « l’aventure du premier jour ». Elle a bien raison de faire ce raccourci tant la vogue des films au titre emphatique et interminable (du style « chérie, n’oublies de mettre la clé sous la paillasson ») demeure terriblement consternante. Mais, voilà cht’i pas que le jogger millionnaire, Danny Boon, (qui était censé boycotter la soirée en signe de protestation pour le genre comique) fait une entrée surprenante. Le monsieur qui a sauvé les finances du cinéma français s’en sort plutôt bien en ironisant sur sa condition de clown martyr.

De Caunes apporte un petit de piquant à cette soirée télévisée, en se targuant de quelques bons mots. Il informe que, discrimination positive oblige, on ne dit plus « Film noir » mais « Film de couleur ». Ecoutant le concert d’AC/DC qui se joue au même moment à Bercy, il décrispe gentiment la salle en comparant la coupe de cheveux d’Albanel (ministre de la Culture sarkozienne) au casque d’or de Brian Jones (membre originel des Rolling Stones). Passé le plombant hommage à Claude Berry, Florence Foresti invente un scénario où elle se fait se fait emballer par Sean Penn. Dont acte. Enfin, les collégiens d’Entre les murs (meilleure adaptation) provoquent un joyeux foutoir en lançant une déclaration d’amour à Cassel et une demande de turn over présidentiel. Voilà pour la partie rock’n’roll des Césars.

Pour ce qui est des grands prix, est récompensée dans la catégorie film documentaire (très bien fournie), la grande Agnès Varda pour son fantaisiste Les plages d’Agnès. L’americano Jean François Richet obtient quant à lui le prix du meilleur réalisateur pour avoir excessivement fait tourbillonner son objectif dans tous les sens… jusqu’à la nausée. L’acteur Vincent Cassel est élu meilleur acteur pour avoir fait le plein de calories et s’être fait poussé la barbe. La petite surprise de la soirée s’avère donc l’actrice Yolande Moreau qui se voit décerner le prix de meilleure actrice pour son rôle dans le « biopic » Séraphine. Film que tout le monde a manqué et s’empressera de voir ses prochaines semaines. Desplechin repart bredouille. Normal quand on fait un cinéma qui aime se regarder dans un miroir où se réfléchit l’image d’une complaisance lettrée et d’un cynisme bourgeois.

Finalement le meilleur moment de cette cérémonie s’avère peut être l’hommage rendu au génial acteur Dustin Hoffman, alias Le Lauréat, Macadam Cowboy, Little Big Man, Chiens de Paille, Marathon Man, Les Hommes du Président et j’en passe pour les autres décennies…

A moins que, et plus prosaïquement peut être, ce ne soit les interminables jambes de Charlotte Gainsbourg entrevues sous sa robe étincelante.

Romain Genissel

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