DVD : Joint Security Area


LE NORD, LE SUD, UN MASSACRE A LA FRONTIÈRE...

JSA : Joint Security Area

Réalisé par Park Chan-wook
Avec Song kang-ho, Lee Byung-hun, Lee Yeong-ae et Shin Ha-kyun
Édité par Ctv International et TF1




Zone de sécurité commune, Corée, 2000 : une fusillade éclate au poste de garde du Nord, entre quatre soldats, dont un du Sud qui n'avait rien à faire là. Face à deux morts et deux blessés, les deux Corées envoient le commandant suisse Sophie Jean, afin d'enquêter sur cette affaire aux conséquences potentiellement graves. Mais Sophie se rend compte que les évènements relatés par les soldats ne s'accordent pas avec les indices retrouvés sur place. Fort d'un considérable engouement critique et public lors de sa sortie en Corée, JSA est aussi le premier succès du désormais célèbre Park Chan-wook, probablement l'un des plus talentueux metteurs en scène de son pays. Sous de fausses allures de polar et couvert par un contexte de film de guerre, JSA est en réalité un drame poignant sur une amitié interdite.

Le commandant Sophie Jean marche le long de la ligne au sol, symbolisant la frontière entre les deux états... Étant donné que la caméra, perchée en hauteur, filme la scène dans une plongée totale, les deux côtés en deviennent parfaitement identiques. Ce n'est là qu'une illustration parmi d'autres des choix de Park Chan-wook pour illustrer ses idées directrices : tout réside dans la ressemblance et non dans la différence des deux camps. Ainsi, c'est via d'innombrables jeux de symétrie graphique ou thématique que les soldats en sont réduits à des pions disposés autour d'une frontière insignifiante – d'autant plus insignifiante que les protagonistes la franchissent en toute impunité, une fois le premier scrupule digéré.

Il y a en effet beaucoup d'humour dans bien des séquences, tant la situation de la zone de sécurité commune est fondamentalement absurde aux yeux du réalisateur. Que l'on se retrouve face à du comique burlesque ou devant des acteurs qui ne laissent passer aucune occasion de briser le sérieux de la situation, le récit de ce qui s'est véritablement passé accuse un contraste surprenant avec les investigations des autorités d'enquête. Ici se trouve un jeu de manipulation policière, là se construit une amitié symboliquement très forte. L'alternance des deux couches temporelles, (véritable) passé et présent, ne rend l'enquête et les tensions entre Nord et Sud que d'autant plus ridicules.

Point fort de JSA, tout cela est purement intentionnel. Sur une musique de suspense, la lumière filtrée par les stores vénitiens se diffuse en rayures sur les visages de chacun, traduisant une vérité dissimulée mais pourtant si proche. A travers un montage réglé avec précision, c'est toute une myriade de plans qui se répèteront à plusieurs reprises au cours du film, mais avec un contexte différent, selon les interprétations. A vrai dire, la vérité était sous nos yeux depuis le début, mais nous n'avons pas regardé ce qui devait l'être...

Pierre-Louis Coudercy



2 commentaires:

  1. D'après ce que raconte le dernier paragraphe, ça fait penser à Snake Eyes : le premier plan qui sera disséqué durant tout le film, le spectateur se rendant assez rapidement compte que ce qu'il a vu / cru voir n'était que le point de vue d'une subjectivité parmi d'autres...
    En tout cas, ça donne envie comme toujours =)

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  2. Bon... Tu voulais une réponse, tu vas l'avoir !

    Merci pour le compliment.

    (^_^)

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