Musique : Jeremy Jay

Slow Dance



Après un discret mais efficace premier EP (Airwalker, 2007), puis un premier LP très prometteur (A Place Where We could Go, 2008), le prolifique Jeremy Jay revient avec un deuxième album intitulé Slow Dance, et nous offre au passage une collection de pop songs toujours aussi précieuses et bien ficelées.

Pose de dandy, mèche blonde, silhouette longiligne et voix profonde : Jeremy Jay poursuit sur la voie du revival pop seventies qui lui sied si bien en faisant toujours autant référence à un Lou Reed période « Transformer » ou au jeune Bowie. Mais là où A Place Where We Could Go flirtait avec un folk-pop mélancolique, Slow Dance semble davantage marqué par la New Wave. Les couches de guitares sont toujours aussi acides, la basse est toujours aussi vibrante et la rythmique toujours aussi acérée, la voix de ce chanteur de charme se pose toujours aussi nonchalamment sur ses superbes compositions, et la production est toujours aussi minimaliste. Mais alors que Jeremy Jay aurait pu s’égarer dans un trop plein de style et de maniérisme pompeux et ainsi user jusqu’à la moelle cette mise en scène kitsch, le cap – pas toujours évident – du second album est ici franchi avec succès, et l’écueil astucieusement évité. Le style élégant des chansons est toujours là mais se trouve magnifiquement simplifié. Une belle trouvaille vient également apporter un petit plus par rapport à l’album précédent : c’est l’utilisation d’un vieux synthé qui donne à l’ensemble de l’album une ambiance à la fois glaciale et sensuelle. Et l’on croit ainsi entendre, par moment, une production issue de la grande époque Factory Records, comme sur ce « We Where There » qui ouvre impeccablement l’album ou sur « Canter, Canter » et ses nappes de synthés. Sur « Slow Dance », la voix glaciale du jeune californien n’a jamais autant sonné glam. Habillés de presque rien, les morceaux se présentent de manière totalement épurée tel qu’on peut l’entendre sur « Gallop » où le rythme débute par de simples claquements de doigts avant d’être relayé par une ligne de basse récurrente. Dans une interview, le dandy californien déclare avoir voulu réaliser un album hivernal, et le bien nommé « Breaking The Ice » prouve qu’il est effectivement arrivé à ses fins. Et quoi de plus normal donc de vouloir danser pour se réchauffer ?... oui mais danser le slow bien sûr ! Car les lancinants « Winter Wonder » et surtout « Slow Dance 2 » s’y prêtent merveilleusement. Et c’est tout le paradoxe de l’album d’être à la fois dansant, sensuel et glacial. Mais au-delà de l’ambiance, du maniérisme et des références auxquelles il renvoie, Slow Dance marque surtout par son incroyable charme romantique. Nous sommes en 2009 mais tout cela est si intemporel. Il y a certaines choses qui ne s’effacent pas et qui ne vieilliront jamais, espérons à Jeremy Jay qu’il en soit de même pour ses chansons.


Sébastien Jenvrin

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