DVD : Exilé


EXILÉ


Réalisé par Johnnie To
Avec Francis Ng, Anthony Wong, Lam Suet, Roy Cheung, Nick Cheung, Simon Yam, Josie Ho et Gordon Lam
Édité par TF1




Sept ans après The Mission, Johnnie To associe à nouveau Wong, Ng, Lam et Cheung pour ce film sur quatre tueurs amis pour la vie, qui s’exilent après avoir désobéi à un ordre d’assassinat. Cela pourrait être une séquelle à l'oeuvre précédente. En vérité, ce n’est ni une suite, ni un remake mais plutôt une extension.

Si Johnnie To décide d’exiler une bande de potes, la situation du film est elle-même un exil car tout se déroule non pas à Hong-Kong mais à Macao, dans un cadre très latino et bien ensoleillé qui rappelle étrangement un western spaghetti (flingues, hôtel stylé hispanique, région désertique, attaque d’un convoi etc.).

Concernant les combats, le réalisateur en refuse l’immobilité. Ici, les gunfights ne sont pas ceux de The Mission et se révèlent aussi bien orchestrés que dans la scène finale de The Killer de John Woo. Ça bouge pas mal, il y a des ralentis stylisés mais pas au point de faire virevolter les personnages. On reste dans le réel.

Les Exilés est une mélancolie à lui seul car, si les héros n’exécutent pas leur contrat, c’est en souvenir du passé et d’une grande amitié. De plus, l’ami à abattre est un jeune père. Sans avoir commis le meurtre, ils se sentent déjà coupables de la destruction d’une famille. C’est ce qui fait d’eux de véritables êtres humains et qui n’ignorent rien de la véritable définition du mot « honneur ».

Comme pour The Mission, ils ont des caractères bien différents. Pourtant, tous se complètent parfaitement : ils ont les mêmes lacunes et sont aussi enfantins les uns que les autres. Lorsqu’ils sont contraints de s’exiler, aucun d’eux ne sait où aller. Le conducteur demande à plusieurs reprises leur destination, mais sans réponse en retour, un peu comme des parents qui se lassent des incessants : « c’est quand qu’on arrive ? ».

Parallèlement, ils éprouvent la même joie de vivre que des enfants : ils se mettent à jouer et à se chamailler en déshabillant leur copain pour le balancer à l’eau et envahissent un photomaton pour faire des grimaces et rigoler. Comme dans un rêve, ils retrouvent leur paradis d’enfants. Face à une belle prostituée, ils muent et deviennent des adolescents bourrés de testostérone. En revenant à la réalité, ils perdent tout de leur naïveté, de cette ignorance qu’ils recherchent perpétuellement par pure nostalgie.

Bastien Delgay

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