DVD : Kingdom of War


AN EMPERESS AND THE WARRIORS


"Kingdom of War"
Durée : 1h36 (2008)

Réalisé par Tony Ching Siu-Tung
Avec Donnie Yen, Kelly Chen et Leon Lai




C'est au coeur de la Chine datant de la période des Royaumes combattants que le roi de Yan Guo se fait tuer sur le champ de bataille. Il désigne juste avant son décès le général Muyong Xuehu pour lui succéder, ce qui vaut à ce dernier le mépris du neveu du roi, Wu Ba, dévoré par l'ambition et choqué de voir un orphelin bâtard accéder au trône. Xuehu décide alors de rendre le trône à la princesse Yen Fei-Er, mais celle-ci se voit grièvement blessée lors d'une tentative d'assassinat commanditée par son perfide cousin. Sauvée par un mystérieux homme du nom de Duan Lanquan, la princesse tombe rapidement amoureuse de ce bel ermite, vivant en harmonie totale avec la Nature... Une apparente dream-team sur le papier, pour un résultat honnêtement mi-figue mi-raisin.

Kingdom of War fait partie de la nouvelle vague des blockbusters épiques récemment produits par la Chine, depuis Hero jusqu'aux Trois Royaumes, où les réalisateurs les plus prestigieux se succèdent pour s'attribuer les plus grandes stars locales ainsi que les budgets les plus faramineux. Il semble bien que le pays se cherche avidement des figures héroïques du côté de ses grandes périodes historiques. Ainsi, Muyong Xuehu le général de guerre aux idéaux forgés dans le dévouement et l'honneur qu'incarne Donnie Yen, artiste martial incontournable, matérialise à la perfection cette icône romanesque. Toutefois, Kingdom of War s'écarte résolument des voies explorées par un certain nombre de productions voisines.

Les Trois Royaumes était un magnifique exemple de guerre stratégique, La Cité Interdite un fastueux huit-clos familial, La Légende du Scorpion Noir une élégante tragédie dans la tourmente des conspirations, ou encore Les Seigneurs de la Guerre une sombre fresque sur les ravages des conflits. De son côté, le dernier film de Ching Siu-Tung ne s'attarde pas sur d'innombrables complots politiques, pas plus que sur les affrontements calculés d'immenses armées. A vrai dire, exposés avec une syntaxe narrative très simple, les retournements d'ordre politique sont à peine plus centralisés dans l'intrigue que les confrontations entre les bataillons, où les gros plans sur les visages des principaux acteurs régissent davantage la scène que les rares plans d'ensemble, d'ailleurs souvent montrés avec des effets de ralentis d'une pertinence aléatoire.

Du titre international, An Empress and the Warriors, l'histoire gravite essentiellement autour de la jeune impératrice, de son tiraillement entre ses sentiments et ses devoirs, et de son idylle avec l'étrange guerrier retiré du monde. Mais sur la beauté qui peut émaner des plans magnifiant les instants vécus par les deux amoureux, se greffe une impression désagréable d'assister à un produit calibré pour attirer les masses, et surtout séduire un jeune public. La beauté de Kelly Chen et Leon Lai, ainsi que leur talent (exploité) pour le chant, ne fait que renforcer ce sentiment à travers des scènes d'une harmonie sentimentale peut-être trop poussée. Si le dernier film de Ching Siu-Tung demeure un spectacle très plaisant, il ne nous fait pas moins regretter la glorieuse période des Swordsman ou des incontournables Histoires de Fantômes Chinois.

Pierre-Louis Coudercy





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