Quelque chose à te dire, réalisé par Cécile Telerman


Bienvenue chez les névrosés ! Les Celliers forment une famille que rien n’unit : la mère, Charlotte Rampling, quelque peu acariâtre critique sans cesse ses deux filles Alice et Annabelle (Mathilde Seigner pour la première). Son mari Patrick Chesnais est tout juste retraité, et Pascal Elbé campe le fils ainé, patron d’une société qui importe du riz. Un soir, Alice, peintre incomprise et sans talent, fait la rencontre d’un flic dépressif, Olivier Marchal marié mais malheureux.

Là c’est le début d’une idylle un tantinet « gnan-gnan », mêlée à l’intrigue familiale, faite de hasards qui restent plausibles et auxquels on peut croire si on atteint un degré de crédulité assez conséquent. Les deux ingrédients du film réunis, on assiste à un long-métrage réservé aux plus de quarante ans. Les dialogues incisifs révèlent ce qui nécrose la famille de l’intérieur. Car il s’agit là de rapports familiaux qui, sous couvert de liens du sang, sont en surface des plus cordiaux. Alors qu’au fond d’eux, les enfants et le mari de Mady lui éclateraient bien à la figure. Et on attend que ça. Parce qu’il faut bien l’avouer, les parties de ping-pong verbales entre les membres de la famille laissent un gout délicieux et donnent un rythme aux différentes saynètes. Le film est en effet monté sous forme de petits moments, qu’on suppose chronologiques. Quelques lourds rebondissements en fin de dernière partie certes, mais rattrapés par le reste.

Côté casting, les acteurs jouent dans leurs registres respectifs. Pascal Elbé qu’on avait pu voir dans « Mes amis, mes amours » de Loraine Lévy, accablant de mièvrerie et de rebondissements insipides, est fidèle au rôle qui semble lui coller à la peau, celui de simple d’esprit, trop bon trop con… Mais ça lui va plutôt bien et ne dénote pas de l’ensemble. Charlotte Rampling quant à elle remplit à merveille son rôle de garce, tellement malheureuse qu’elle ne laisse rien passer, à personne. Elle frôle parfois l’hystérie, aux dépens de Mathilde Seigner, qui avec une mère de ce type ne peut que peindre les horreurs qu’elle expose (d’étranges tableaux en 3D de Madones torturés, glauque à souhait). Cette dernière, qui n’aspire qu’à recevoir un peu de reconnaissance de sa mère dans le film, possède la fraicheur d’une jeune débutante qui ne l’est plus et la spontanéité qu’on lui connait. Les autres rôles, bien distribués, apportent le mouvement nécessaire à ce second long métrage de Cécile Telerman.

Le bilan reste malgré tout mitigé, ni bon ni mauvais navet, mais assez plaisant pour en profiter lors de la fête du cinéma. Il est des samedis soirs où finalement, on n’a pas envie ni besoin de réfléchir… Ce film est fait pour ce genre de soirées.

Claire Berthelemy





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