Théâtre: "Le siècle sera féminin ou ne sera pas!"

Une élection présidentielle et un duel homme-femme au second tour. Un air de déjà vu. Mais le côté politique de la pièce s’arrête à cette analogie : hormis la bataille d’un entre-deux tour, il s’agit de batailles du quotidien. Des couples, une famille, une belle-mère et des acteurs pour le moins éclectiques par leurs origines se déchirent et s’aiment, et se recollent, pas toujours comme on l’attend...

Treize personnages voient ainsi leurs certitudes et habitudes changées, bouleversées et renversées. M. Bernard et Marion forment un couple de riches bobos et cohabitent avec la famille-à-tout-faire. La mère de Marion a pour meilleur ami François qui lui est marié avec Mme Croisé et père de jumeaux. Restent le couple rasoir et coincé et la jeune artiste au chômage. Un peu compliqué au départ, mais le charme prend tout de même et très vite, on se retrouve plongé au sein de cette joyeuse bande d’immeuble. On rit, on se reconnait, on rit alors un peu jaune, on tranche « non je vote à droite » ou « il faut une femme au pouvoir ! », on s’attache à la vieille acariâtre, jouée par Colette Teisseidre, remarquable.

Et on se dit que peut être, l’instant d’une pièce, tout peut devenir différent, jusqu’au final et à la tombée du lourd rideau rouge, remonté à maintes reprises pour des applaudissements bien mérités.

Alors quels sont les atouts de la pièce ? Et pourquoi faut-il aller la voir ?

En premier lieu, tous les acteurs, brillants à quelques répliques près, viennent d’horizons différents. Que ce soit Philippe Lellouche à l’origine grand reporter pour TF1, Charlotte Valandrey, Isabelle Ferron, Lucie Jeanne et Colette Teissedre, toutes les quatre comédiennes, Doc Gynéco qu’on présente d’abord comme rappeur des années 90, Vincent Moscato l’homme de la radio ou encore Maxime, la réunion de ces comédiens semblait risqué. Et pourtant… Tout se déroule pour le mieux, la complicité entre les comédiens se lit sur leurs visages et s’entend dans l’enchainement de leurs répliques. Le jeu est limpide et clair, agréable en somme.

L’autre belle surprise nous vient de la richesse du décor et du jeu d’éclairage. Complexe à expliquer, ce type de mise en scène permet de jouer les saynètes d’un appartement à l’autre de façon à ce que ce huis-clos d’immeuble ne provoque aucun étouffement. Au contraire cette mise en relief de la pièce fonctionne à merveille.

Essai transformé, rien ou si peu dénote : la pièce d’une heure et demie enchaine les situations cocasses, les réparties cinglantes et les éclats de colère, ponctuées par les rires des spectateurs amassés au Théâtre du Gymnase. C’est salle comble, preuve en est que le bouche-à-oreille est efficace et que le show ravit le plus grand nombre.

Création et mise en scène Dominique Coubes et Nathalie Vierne

Du mardi au samedi à 20 heures et matinée, dimanche à 16 h 30. Jusqu’au 15/07. De 17 à 46 euros. Au Théâtre du Gymnase, 38 boulevard Bonne Nouvelle, Paris. Métro Bonne Nouvelle

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